mercredi 25 novembre 2009

Nepal - Kangchenjunga - Trek&ascension du Merra 6335m



Un portfolio de mon trip au Népal du18/10 au 21/11/2009. J'en profite aussi pour mettre un petit récit que je me suis amusé à écrire sur le voyage mais plutôt accès sur la partie ascension.
 



Avec 38 heures de bus pour rejoindre Taplejung, le départ du trek, on peux dire que ça laisse du temps pour faire connaissance avec la population. Aucun autre européen n'est du voyage. Dépaysant ;-)

 








Spectacle des villageois de Chirwa, danses et chants Limbus (nom de l'ethnie la plus répandu dans la région)






Première dégustation de la bière locale, la domgpa qui est en fait du millet (photo du dessus) fermenté. Étrange au début mais on s'y fait vite.







En altitude rencontre avec les premiers villageois de l'ethnie Sherpa. Les femmes ont de magnifiques tabliers traditionnels


Le Jannu 7761m tout à gauche, L'obithongie 6652m au milieu et à droite le Phole 6645m.




L'équipe de porteur avec Phurba (chemise blanche)




Le camp de base a peu près à l'altitude du Mont-blanc...et le Jannu parait encore gigantesque ! 7761m quoi !





En montant au camp1 avec Pasang. Le Merra est au fond au milieu juste après le glacier. L'objectif est l'arête sud-est sur la droite.


Le camp 1, pile poil en face de la Face Nord du Jannu.



On attaque le glacier


Pasang bien chargé !



Le camp 2


En 2007 Babnov et Kofanov ont réalisé la première en style alpin de l'impressionnante arête Nord Ouest du Jannu (à droite du sommet ci-dessous). Pour cette expédition leurs sommet d'acclimatation était le Merra.



Du camp 2, l'itinéraire pour le sommet 


 
Au sommet de la première arête. On distingue la tente au fond, petit point noir.


C'est après ce passage que nous allons avoir droit à un craquement de glace des plus effrayants.
 

 Le soleil sort parfaitement au niveau de la pyramide du sommet principal du Kangchenjunga.


 
Au niveau du sommet secondaire, avant d'attaquer l'arête finale.



Dernière ligne droite.


l'arête du sommet


Summit ! En réalité 6335m




Au milieu au loin le Makalu, Lhotse et l'Everest.


La vue s'étend jusqu'au Tibet au milieu le Omi kangri un 6000 Tibétain


Vers le Sikkim



Le grosse bosse au milieu le Ramthang Chang et tout à droite la pointe sommitale du Kang (face NO)


Herzog style au sommet !





Ci-dessous une photo des Merras vu du Nord ouest avec à droite le sommet principal à 6335m et l'arête parcourue. Merci à Valery pour sa photo ;-) Source http://www.alpinist.com/doc/web07f/newswire-jannu-northwest-babanov



Le Ranthong, un magnifique sommet peut être encore vierge ?



De Ramche petit tour vers le Kangchenjunga 8586m, 3ème sommet de la planète.



La face Sud-Ouest du Kangchenjunga aussi appelée Yalung Face avec le sommet principal au milieu. La voie normale chemine sur ce versant.
 


Merra, Merra pas ?



Un premier 6000 himalayen, sauvage, approché par un trek emprunt de culture locale, et sans affronter les foules….ça vous fait rêver ?
Moi aussi ! Armé de quelques réalisations alpines modestes, et animé d’une soif de découverte des très grandes cimes, ce projet a muri jusqu'à me décider, à l’automne 2009, pour le grand saut vers les montagnes himalayennes. Restait à trouver la réception. Délaissant le surpeuplé Khumbu aux 8000 joyaux et ces villages Lodge en toc. Dédaignant les charmes tentant du convenu Tour des Annapurna, hésitant avec le non loin Manaslu, mon dévolu se portera à l’extrême Nord-est du Népal…sur le massif du Kangchenjunga, gardien du 3ème sommet de la planète. Des hésitations encore pour le pompon sommital. Une  première idée d’objectif sera remisée faute de consentement de la par des autorités Népalaises. Ce sera donc Le Merra 6335m (voir plus bas pour la carte). C’est autorisé et ça n’a été fait que 3 fois nous rétorquera Trinetra, agence basée à Katmandou. Proposition alléchante au regard des points clés de mon cahier des charges : Esthétique, sauvage et pas trop difficile. A noter que le sommet initialement visé a pourtant était foulé par certaines agences françaises…premier mystère du Népal.

C’est beau mais c’est loin !

Goood Mooorning Sir…. Goood Mooorning Sir….it’s the breakfast…M'extrait en douceur de mon sommeil grandement mérité, après bientôt dix jours de trek au fin fond du Nord-est Népalais. C’est Nima, notre chef Cook, qui nous apporte le thé vers 6h… un service ultra confort qui nous a surpris et gêné au début et qui au fil des jours est devenu une routine qu’on adore ! Nous sommes enfin à notre camp de base (4771m), quasiment à la même altitude que le Mont blanc, sur un belvédère splendide planté juste devant l’austère face Nord du Jannu 7710m ou Khumbhakarna (qui signifie littéralement ‘Tète sur les épaules’ en Népali). Demain nous devrions pouvoir partir en direction du sommet, en autonomie totale pour 3  ou 4 jours, avec Pasang Sherpa notre guide de Haute montagne. Reste à parfaire notre acclimatation qui pour le moment n’est pas des plus concluantes. L’euphorie de notre arrivée au CB a en effet rapidement laissé place au pilonnage répété de nos boites crâniennes encore peu enclins à l’hypoxie. Malgré tout, nous ne nous lassons pas du spectacle incessant offert par les chutes de Séracs en provenance du Khumbhakarna  et des ses copains alentours (Sobithongie, Ghabur, White wave…). Nous restons au CB avec Pasang, Nima et Puré notre guide de trek francophone. Le reste de l’équipe descend retrouver un peu de confort au camp précédent situé à Khambachen 4130 m.


Dix jours plus tôt nous débarquions à Taplejung, plus gros bourg du District du même nom. Nous sommes conquis par le contraste entre le vert profond de la jungle, le blanc des 7000 lointains et le ciel d’un bleu écarlate. Quelle délivrance que d’arriver dans cette magnifique bourgade animée d’une simplicité apaisante. En effet faute de liaison aérienne opérationnelle nous avons du enquiller quelques 38 heures de bus local étalées sur 2 jours et demi… Belle introduction à l’aventure que cette traversée de l’étouffant Terai, partageant avec l’Inde, sa chaleur, son humidité et sa pollution. Vivement l’altitude ! Nous enchainerons avec un bus Tata 4x4 plus adapté aux pistes, mais cependant parfaitement inconfortable au vu des gabarits de siège, pas vraiment en accord avec nos grandes carcasses occidentales (enfin surtout moi)... Heureusement nos coussins gonflables de bivouac épargneront nos genoux dans le combat perpétuel contre le dossier du fauteuil nous faisant front. Les ornières béantes déchirant la piste nous propulsent régulièrement au dessus de notre siège.  Bien « tape-cul ». Magnifique expression que nous ne pourrons nous empêcher de transmettre à Puré. Nous sommes admiratifs devant  la bonne humeur ambiante, malgré l’entassement méticuleux des locaux subissant le rouleau continuel du bus. Nous éveillons la curiosité, les gens comprennent souvent mal pourquoi nous venons marcher à l’autre bout du monde. Une fois le camp établi à Taplejung, Les french fries Mito sa (c’est bon en Népali) Made in Nima sont salvatrices après plusieurs jours de Dahl bat répétitifs et peu indulgents envers nos entrailles aseptisées. Belle épreuve, nous espérons que le sommet sera plus facile !
Quelques jours plus tôt encore, nous étions au ministère du tourisme de Katmandou afin de régler les formalités pour nos permis de trek et d’ascension. Moment surréaliste que cette interview à laquelle un représentant du ministère nous soumet. Nous décrivons les étapes de l’ascension sur le toit, au soleil, accompagné d’un succulent thé généreusement offert par nos hôtes. Après une dernière nuit confortable au Manaslu Hôtel, magnifiquement décoré pour la fête de Tihar (fête des lumières), nous quittons Katmandou avec Nima, Puré et Pasang. Le reste de l’équipe sera recruté sur place à Taplejung. A l’heure des présentations nous sommes impressionnés par l’équipe constituée de porteurs (et porteuses !) et de 2 assistants cook qui vont nous accompagner pour ce mois d’aventure. On nous explique que les porteurs rebrousseront chemin au fur et à mesure de l’épuisement des charges. Durant les premiers jours de marche, nous sillonnons de profonds thalwegs qui tapissent d’interminables vallées nous donnant l’impression de parcourir des montagnes russes pour géant. Une formidable machine à faire du dénivelé ! Les dénivelés journaliers sont ici d’ailleurs très trompeurs. On monte, on descend à longueur de journée souvent pour planter la tente seulement quelques centaines de mètres plus haut, alors que M.Sunnto nous certifie en parcourir beaucoup plus. Je suis soulagé car mon pied ne me fait pas trop souffrir, en effet à peine un mois avant de le grand départ…Surprise ! Fracture de deux métatarses suite à une chute idiote.  Angoissant mais heureusement ressoudé à temps. "Nous sommes notre plus grande surprise"-a dit Paulo Coelho,je confirme. 
Cette longue approche nous permet de côtoyer les ethnies animistes limbu et rai peuplant la région. L’autarcie est complète pour ces familles qui possèdent souvent en sus de leurs champs un certain nombre d’animaux tels que cochons, poules, chèvres… Nous aurons même droit à un petit spectacle privé de danses traditionnelles limbu dans le village de Thiwa. La montée progressive des marches du festival Kangchenjunga est également enivrante. Des champs de millets aux alpages de yaks il n’y a pas qu’un, mais de grands pas himalayen à faire. Puré nous fait, aux grés des sentiers, déguster de la cardamone fraîche…effet Hollywood chewing gum assuré. Cependant la patience est de rigueur avant que nous apparaisse la nuance de blanc manquant jusqu’alors au tableau, déjà très raffiné, qui se présente à nous. Notre première vue sur la cime enneigée du Gunsadahar, un presque 6000, nous fascine. 

Viendra, viendra pas ?

Le sac est trop lourd, l’acclimatation limite mais c’est l’heure, nous partons avec Pasang pour 3 ou 4 jours d’altitude avec un objectif en tête sortir le Merra central par son arête est. Je suis confiant la météo est extrêmement stable depuis notre départ.
Nous remontons la longue, chaotique et impressionnante moraine du Merra avec pour seule compagnie quelques blue sheep, qui d’ailleurs ressemblent beaucoup plus à des chamois gris qu’à des moutons bleus ! Malgré le fait que Pasang porte beaucoup plus que moi, j’ai l’impression d’avoir un sac de boulets. Il m’attend régulièrement… son agilité en basket sur les pierriers avec un sac énorme m’impressionne. Respect. Après plusieurs heures d’efforts. Nous arrivons au camp 1 vers 5400m. Toujours pas de neige mais de gros blocs rocheux peu confortables. Cette année la montagne est bien sèche me dit Pasang. De plus pour ne rien arranger nous sommes sur un versant sud. Malgré tout, cette montée n’aura pas été trop difficile. Pasang part repérer la voie pour le lendemain, je l’accompagne histoire de m’acclimater encore un peu. Vers 5600m je redescends préparer du thé et de quoi se restaurer.  
Le lendemain matin, départ pour le camp 2. Il n’y a encore une fois pas beaucoup de dénivelé à parcourir mais les distances sont vraiment d’un autre ordre dans ces contrés. On envisage de faire le camp 2 vers 5800m. Après deux heures de marche sur un pierrier de plus en plus pourri nous prenons pieds sur le glacier du Merra à 5573 m, nous chaussons enfin les crampons. Nous progressons entre séracs et crevasses alors que quelques nuages commencent à poindre accompagnés d’un vent glacial. L’ambiance change radicalement en quelques minutes. Nous continuons de serpenter dans ce labyrinthe de glaces hostiles. Je commence à être sec comme on dit. Nous arrivons sur un replat, extenué entre autre par ce satané sac décidément trop lourd, je propose à Pasang de bivouaquer dans le secteur. Cela ne l’emballe pas et soutient que nous ferions bien de grimper encore un peu pour réduire notre distance en vue de l’objectif du lendemain, le sommet. Cela va être difficile pour moi mais ok on y va.  Nous nous immergeons toujours plus dans ce dédale de plus en plus raide. Je puise dans mes réserves quand, nous devons attaquer une pente un peu délicate en pointe avant non loin de gouffres menaçants. En effet l’emplacement initialement prévu ne convient pas, exposé sous quelques séracs de trop. Une fois sortis de cette impasse, nous débouchons sur petit plateau débonnaire enfin propice au camp à 5980m. Le vent toujours plus fort ne nous épargnera pas pour le montage de la tente. Toute l’expérience de Pasang a permis d’établir le camp en deux temps trois mouvements. Je suis vraiment vidé, nous nous jetons dans le calme de la tente à l’abri des bourrasques qui se calmeront peu après. Pasang prépare un thé et de quoi manger. Le thé fait un bien fou, les pâtes lyophilisées ne passent pas. Rapide point, nous nous décidons pour un Réveil à 4h. Je m’écroule dans mon duvet.
Agitation dans la tente, une lumière de frontale inonde notre North Face VE25, Pasang doit préparer du thé. Je ne me sens pas trop reposé, j’ai l’impression de dormir depuis 20 min, point positif je n’ai pas mal à la tête. Pasang me lance un good morning, j’en profite pour jeter un regard furtif sur ma montre qui m’indique 1h du matin… hein !?! Il va pas bien, est-ce l’altitude ? Je demande ce qu’il se passe… rien il s’est juste trompé d’heure….sans montre ce n’est pas facile. Je replonge. Deuxième réveil, cette fois il est 4 heures. Je n’ai pas si mal dormi pour ma première nuit à quasiment 6000 m. Nous préparons un thé et un peu de muesli. Pasang sort de son duvet de piètre qualité, digne d’un duvet d’appartement confort +10°. Il est pieds nu et en jogging, Il fait -15°C dans la tente… Je m’extrais à mon tour du duvet craquelant de givre.  Nous ouvrons la tente, soulagement, le ciel est parsemé de myriades d’étoiles sans aucun nuage. Yes ! En effet j’avais quelques craintes au vu de la météo d’hier soir. Il fait encore nuit, la visibilité est assez bonne avec une lune presque pleine. On enfile les crampons et le baudrier. 4h54. C’est le départ. Sans vraiment d’échauffement nous progressons assez rapidement dans des pentes soutenues que nous parcourons à corde tendue. Ces pentes s’avèrent délicates et fatigantes car nous enfonçons. En effet aussi étonnant que cela puisse paraitre, le regel, malgré le froid et le ciel dégagé, est plutôt faiblard.  Nous atteignons une première crête assez large. C’est l’arête sud-est qui va nous permettre de rejoindre la ligne de faîte principale liant le Merra occidental, le Merra central (notre objectif) et le Merra oriental. Les premières lueurs du jour apparaissent enflammant les sommets alentours. Le ciel  est strié d’un dégradé rose bleu intense …magique. J’ai l’impression d’assister à l’éveil du monde tellement cet endroit est sauvage, aucune trace humaine, absolument personne. Toujours sous la surveillance du Jannu présent derrière nous, nous poursuivons sur l’arête assez cornichée et peu rassurante au vu des conditions de regel. Le gaz est bien présent, belle ambiance. A un moment nous devons enjamber un déchirement dans la glace pour nous retrouver sur une corniche permettant ensuite la transition pour rejoindre la ligne de faîte principale. Pasang va vite, je souffle et j’ai du mal à suivre. Je demande une brève pause. Certes ce n’est pas le meilleur endroit, mais le souffle me manque trop. Tant pis. Au bout de peut-être une minute un gigantesque « craaack » nous fait sursauter et me plonge dans le regard peu rassuré de Pasang. Nous détalons comme des lapins sans demander notre reste.
Nous prenons pieds sur l’arrête principale à 7h04, nous sommes à 6239m. Un puissant soleil nous réchauffe. Je souffle et contemple la vue. De nouvelles perspectives s’offrent à nous avec notamment au loin, les sommets frontières entre Kangchenjunga et Tibet (Jonsong Peak, Omi Kangri, et tant d’autres totalement inconnus…). Plus près de nous le Merra oriental nous nargue avec ces ices flutes parfaitement formés, alors que  le soleil sort presque exactement à l’emplacement de la pyramide sommitale du kangchenjunga. Je me tourne vers la gauche et vois une esthétique arête effilée menant au sommet principal. On dirait un ruban de chantilly déposé sur le rocher. L’arête prend bien le soleil et je me dis que les conditions de neige ne vont vraiment pas être terribles si nous tardons trop. Je regarde Pasang qui a l’air sceptique également…au bout d’une vingtaine de secondes il me dit « Go ? », je lui réponds « Ok go » même si je sens que le physique a déjà pris une claque.  Point positif aucun mal de tête, je me sens bien.

La chute

L’arête est bien aérienne, peu large par moment et n’est pas sans me rappeler les arêtes de Rochefort, faites quelques mois auparavant. A un moment nous devons contourner par la droite un ressaut rocheux. Nous tirons une longueur. Pasang dégage la neige en gros grain, la pente en mode Pina colada que nous traversons n’est pas des plus saines. Une fois l’obstacle passé, le sommet est à porté de piolet. Cependant un dernier effort est de mise pour gravir ce dernier bombement. Je ralentis car un peu à l’agonie. Pasang m’attend beaucoup. J’avance pas par pas en reprenant mon souffle, je repense à ces images d’himalayiste gravissant l’Everest s’arrêtant de longues minutes entre chaque pas. Je mise sur le mental. Après un dernier combat j’aboutis enfin au…Summit comme on dit !  6335 m à l’altimètre. Je suis absolument ébloui par la magnificence du panorama. Quelle chance nous avons de n’avoir aucun nuage et une visibilité infinie sur les chaines montagneuses nous environnant. Nous sommes entourés de centaines de sommets sans doute encore vierges, mais nous pouvons également accrocher notre regard sur le Makalu et l’Everest, mythique. Plus proche de nous la pyramide parfaite du Kangchenjunga et le Jannu en imposent toujours. Poignée de mains avec Pasang qui semble heureux de me voir jubiler de la sorte. Nous cherchons en vain quelque chose pour accrocher quelques drapeaux de prières. Tant pis. Photos, vidéos, il doit être 8h30. Je descends en premier Pasang m’assurant sur un pieu à neige. Dès les premiers pas, je comprends vite que j’ai du pas mal puiser dans mes réserves à la montée. Je n’ai plus le pied très sur. Je suis complètement absorbé par le paysage magique dans lequel je baigne, embarqué sur mon petit nuage je ne regarde pas vraiment mes pieds. Dommage car l’arête demande  de la vigilance alternant entre passages en neige pulvérulente et d’autres présentant une cohésion sécurisante. Un mauvais pas et c’est la chute assurée. C’est ce qui arrive quelques minutes plus tard. Sans trop comprendre me voila en train de faire des roulés boulés dans la neige complètement transformée du versant sud. Je sens la neige rentrer dans ma doudoune, la corde ne me retient toujours pas, j’arrive dans une zone de rocher et au bout de quelques secondes qui me paraissent des heures je suis stoppé net. Ouf l’amarrage au pieu à neige fonctionne bien. Je n’ai rien à part ma doudoune déchirée au coude qui laisse s’échapper au vent quelques plumes. Je vois Pasang sur l’arête complètement éberlué de ce qu’il vient de voir. Finalement je n’ai pas beaucoup dévalé et heureusement dans un secteur peu raide de l’arête. Nous reprenons la descente avec pour ma part un regain de concentration plutôt net. Nous arrivons vers midi à la tente. Pasang me propose d’enchainer sur la redescente à Khambachen, quelques  1850 m de dénivelé plus bas déroulé sur plus de 10km. Je rigole en pensant à une mauvaise blague et m’effondre dans la tente. La descente sera pour demain. Deuxième nuit à quasi 6000 des plus reposantes. Nuit entrecoupée des habituelles pauses pipi. Je suis vraiment content de mes toilettes portatifs à pas de vis…disons un flacon permettant les vidanges intempestives inhérentes aux thés absorbés sensés parader cette satané hypoxie. En effet l’extraction de la tente étant un véritable calvaire, toutes les stratégies sont bonnes pour éviter ces désagréments. Hormis cela je dors comme un bébé. La descente du lendemain est comme prévu, longue et éprouvante sur ce pierrier interminable. J’y vais Bistari Bistari (doucement doucement en népali). Nous arrivons à la nuit, accueillis par l’équipe au complet. Un gargantuesque repas suivis du traditionnel summit cake nous assurent une magnifique nuit réparatrice.
Encore une quinzaine de jours  de marche dans un environnement majestueux nous ramène vers Taplejung via d’ancestrales forêts de bambou et de rhododendrons. Nous faisons également un crochet pour allez voir l’imposante face sud du Kangchenjunga, colossale. Le dernier soir c’est la fête à Suketar avec Dumpa (alcool à base de millet), chang (alcool à base de riz), spring rolls et poulet à gogo.  De retour à Katmandou, nous passons au ministère valider le sommet et récupérer la caution pour les ordures du camp de base. Je termine par un entretien avec Miss Elisabeth Hawley, fondatrice de L’Himalayan Database, qui me questionne sur l’ascension. Je n'ai appris qu’à mon retour la notoriété de celle-ci, son assistant m'excusera pour mes premières réticences à un rendez-vous. Quelques visites touristiques classiques autour de Katmandou précèderont mon retour via le temple Bahreïni de la consommation. Quel contraste !  Vivement la prochaine aventure.



Infos sur le Merra : 

Ce sommet de 6335 m à ne pas confondre avec le Mera du Khumbu, célèbre trekking peak, a été ouvert par le Danois Claus Ostergaard en automne 2006. Puis répété en automne 2007 par Valery Babanov (en sommet d'acclimatation avant l'arrête NO du Jannu tout proche voir article http://www.alpinist.com/doc/web07f/newswire-jannu-northwest-babanov) puis par le Français Vincent Palandre et deux de ses amis. Je remercie vivement ces derniers pour leurs précieuses informations sur le sommet.
Ces informations m'ont été fournies par Elizabeth Hawley (Fondatrice de l'Himalayan Database) que j'ai rencontré à Katmandou.
Ci-dessous un fond de carte produit par l’Himalayan Database.



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