samedi 23 juin 2012

Grand Pic de la Meije : Arete du Promontoire - 3983m - Ecrins



"C'est sans doute et cela est vrai non seulement pour celui qui y va pour la première fois et la découvre, mais aussi pour celui qui la fait pour la cinquième ou la dixième fois...
Arriver au Grand Pic est toujours une joie, un "moment", et de là, voir les arêtes est toujours un émerveillement."

                                                                                                                   Gaston Rébuffat

La reine des Écrins, reine Meije, sa Meijesté..,tellement mythique et adulée par la communauté alpinistique, était forcément dans ma ligne de mire depuis un moment. Mais comme un bon vin le temps de la bonification fait partie du plaisir. Vieux projet souvent remisé, on en parlé depuis longtemps avec Nico. Il suffisait de trouver le créneau météo et timming commun. Conditions réunies en cette fin juin ! C'est parti pour une reprise de la saison d'alpi. Sans doute trop ambitieuse. C'est en effet à la hauteur de sa réputation que c'est long ! En ce vendredi 22 juin départ matinal pour la Grave. Montée première benne, Enfecthores et bivouac au sommet du grand Pic via le Promontoire. Programme long sur le papier...interminable sur le terrain. Le manque d'entrainement et le gros sac nous ferons caler pour la nuit sous la Muraille Castelnaud !
On a effectivement un peu sous estimé l'objectif et puis d'autres aventures nous ont attendus lors de notre tentative de traversée des arêtes...mais pour ça il faut lire la suite !





La résonance historique est vraiment sympa sur cette voie, il y a de la verve pour décrire les passages clés ! C'est assez ludique d'identifier les passages lors de l'escalade. Une petite chasse aux trésors...
Respect quand on imagine le Pere Gaspard et Castelnau ouvrir l'itinéraire en 1877 en chaussures à clous et corde en chanvre (la dalle Castelnau aurait été gravi en chaussette car trop lisse) ! Ce fut d'ailleurs le dernier sommet majeur des Alpes à être gravi (bien après le Cervin, le Mont-blanc, Mont-Rose...) A noter également que cette première ascension fut réalisée par un français alors que la plupart des autres grandes premières dans les Alpes furent réalisées par des alpinistes britanniques (Whymper, Coolidge...) 



Départ du premier tronçon dans une belle ambiance et seul pour le moment...




L'objectif se dévoile...massif ! Bon va falloir y aller quand même ! On est sensé dormir sur cette belle pointe ce soir ! Pinaise on a du taff ;-)






Mise en jambe sur le granit accueillant des Enfetchores, ça grimpe un peu !



Un guide et Paul son client ! Un suisse allemand qui à notre avis a du bien dormir après ce WE ! Il a fait ce qu'il a pu pour suivre le guide qui était en mode turbo !  ;-) 







L'anticyclone annoncé devrait tenir pour ce soir, plus un nuage ! Le glacier de la Meije est vraiment imposant !




Une traversée bien expo ! Pas de spit et rocher très compact du coup pas moyen de mettre la moindre protection ! Il faut vite reprendre confiance avec grosses en adhérence, ça réveille !


Crampons chaussés ! A l'attaque de la brèche de la Meije !


Il y a quelques belles crevasses sur le haut !




On arrive au Promontoire déjà bien entamés après plus de 4h30 de montée ! On voyait ça plus court !



On se fait une bonne pause Coca / Sandoch sur la terrasse en discutant avec la Gardienne très sympatique.



Un beau refuge à taille humaine ! On est loin des usines de Cham !


 
Effectivement comme précisé sur le topo, le départ de la voie est entre le refuge et les toilettes ! L'approche est top ! On peux repérer quand on va aux chiottes ;-) En tout cas on a de la route jusqu’au grand Pic, oui oui c'est bien le plus grand au milieu !



J'ouvre le bal. Ci-dessus vers le pas du Crapaud qu'on a pas vraiment identité ! Il pourrait mettre des panneaux ;-)



Très beau cheminement sur un granit tout simplement exceptionnel ! Le plus beau des Écrins ?





Vers le camp des demoiselles ! Ça se redresse !



Dans le couloir Duhamel !


 Un rocher à tomber par terre.





On est surpris par qqs metres en glace ! La flemme de remettre les crampons, je m'y colle en faisant des marches au piolet. Bien content d'avoir les broches pour s'assurer un peu. Je me tape un bel onglet
aux mains ayant eu aussi la flemme de sortir les gants.


On sort du couloir Duhamel partiellement amoché :-) En effet on commence à être bien mort, on est super lent. Ca doit faire 3h qu'on est parti du refuge...très lent donc...on commence à douter sur le fait d'arriver au sommet ce soir.



En rematant le topo, j’essaie de relancer la motiv en me disant qu'on a déjà fait un bon bout presque le moitié (mais bon il doit bien rester 400m de grimpe tout de même ;-)...Sauf qu'a l’attaque de la muraille Castelnau et de la dalle du même nom je sèche pas mal. Doute sur l'itinéraire je me fourvoie, me met taquet ! Bref on arrête ce soir avant de faire des conneries. Sur le coup un peu déçu mais avec le recul, c'est clair que vu ce qui nous attendait et notre état de fatigue on ne serait jamais arrivé au sommet dans la journée. En effet le lendemain on s'est bien rendu compte qu'il restait beaucoup de chemin et des passages pas si donnés (la fameuse dalle des Autrichiens !)



Travaux de terrassement pour dégager une aire de bivouac aux pieds de la dalle Castelnau.


Pensant vraiment qu'on arriverait au sommet dans la journée et sachant qu'il y a non loin du sommet des matelas de secours (confirmé par la gardienne) j'ai fait le chaud à ne pas prendre mon Thermarest. Perdu. Du coup je me fait un matelas de corde / couverture de survie / Mousse de mon sac à dos. Un peu sceptique mais finalement très bien dormi et pas eu froid ! Les cordes ça isole très bien !





Belle terrasse et quelle vue sur tout le sud Ecrins, tout est là on est pas volé ! Un bien beau spéctacle pour savourer le Pastis que j'ai monté !



 De gauche à droite, Les Bans, Le Sirac, Vallon des Etages, Les Rouies et L'Olan 



En plus si proche du solstice d'été on a le soleil jusque 22h ! Presque trop tard car on est bien mort et prêt à tomber :-)



Malgré le voile pile poil à l'ouest, la vue est splendide sur tout Belledonne Sud et les 3 Pics de Belledonne.




Zoom sur Les Bans à droite et la Pointe de la Pilatte au Milieu.








A gauche la Grande Ruine et la Barre !




Les couleurs sont à tombé par terre, je regrette tout de même ce spectacle du Sommet ! A refaire.






Le Sirac, on voit bien les 6 dents qui constitue son nom en patois local.



La Barre se cache derrière la Grande Ruine et le Pic Nord des Cavales


Au feu du coté des Grandes Rousses et de Belledonne !
 

Au lit ! Bien mérité.







Levé prévu pour 4h...on traine pas facile de sortir du Duvet. Malgré la fait que je n'avais pas de matelas et qu'on était sur de la neige, j'ai bien dormi et pas eu froid.





Nico prend la tête de bon matin dans la Dalle Castelnau !



Début d'éclairage des sommets ! Superbe.


Notamment la Barre et les Bans  on ne s'en lasse pas !



Les Rouies et l'Olan de l'autre coté.




Ça grimpe un peu, rien de difficile mais c'est long et soutenu, il faut resté concentré notamment à corde tendue ! On aura quasiment progresser à corde tendue tout le long. On a juste tiré des longueurs dans les passages clés.







En contrebas une cordée passe à coté de notre bivouac ! On avance pas mal. Mais vivement le soleil, le rocher est très froid et l'onglet menace. Du coup grimpe avec gants mais c'est tout de même pas le top niveau précision.



Nico sur le Dos d'Ane. Un beau moment de bravoure ce passage en adhérence plein gaz en grosse ;-)



Après le Dos d’Âne, belle vue dégagée sur le Taillefer à gauche et Belledonne à droite. J'enchaine sur la vire aux encoches. Encore un grand moment plein gaz avec juste quelques encoches pour les pieds, pas trop de prise de main. Heureusement c'est court. Pas eu le temps de prendre de photos ;-)



Vient la fameuse dalle des Autrichiens. Je m'y colle. 4a sur le papier. En pratique on se demande ce qu'on fout la dedans avec peu de protection, bien exposé et re adéherence en grosse ! Grosse Ambiance !! Le client d'une cordée maudira ce passage en gueulant tout seul "mais ou sont les prises" ;-)






Encore un peu de chemin plus facile jusqu’au glacier carré.




Le glacier carré et le sommet juste derrière !


Crampons chaussés on peux attaquer !






On le prend en diagonal, il y a tout de même de la pente. Un bon 45°, la neige est tres bonne bien dure, ça déroule bien. En regardant la pente je pense aux descentes faite du glacier à ski ou en surf...je me dit que je vois vraiment pas l’intérêt de faire 4 virages super expo au dessus d'une barre de 500 m ! Y en a qui n'ont que ça à faire ;-)




Dernière ligne droite ! On voit bien le cheminement du bas avec le passage du cheval rouge tout juste à gauche du sommet.







Le fameux cheval bien rouge et bien gazeux ! Huuuu
On ne traine pas car en plein vent glacial...alors qu'au sommet on aura absolument aucun vent !





Après le passage encore bien aérien du chapeau du capucin, avec son petit surplomb doté de bonne prise, on arrive sur le petit bout d’arête final.




Summit ! On peux dire qu'il se mérite. Pas mécontent d'arriver. Il doit être 10h30. Avec nous une cordée de 3. Paul et son guide sont déjà dans les rappels.



Petite pause autour de la vierge...qui fait pas trop vierge d'ailleurs ;-)




Le panorama est comme prévu à couper le souffle !



Vue magnifique sur tout Belledonne avec en premier plan les Grandes Rousses.




Le Chatelleret et la Bérarde sont bien loin !



Vers le Goleon, les Aiguilles d'Arves et Mont-blanc au fond !




Zoom, sur fond de rateau, sur cette vierge plutot originale, ça change du massif sur Mont-Blanc.




Du coté des aretes avec le Pic Gaspard bien impressionnant à droite du Doigt de Dieu.




C'est parti pour les rappels afin de rejoindre la brèche Zsigmondy !


Paul est sur le petit bout d’arête qui permet de rejoindre le câble pour contourner la dent Zsigmondy. Il se fait encore bien pourrir par son guide. Il faut dire à un moment il était à 4 pattes ;-)





Difficile de remonter.



En mieux cadré !





J’enchaine pour la petite partie Mixte avant de rejoindre l'arête ou Paul se faisait engueuler. Au bout d'un quart d'heure quand Nico me rejoint j’entends un gros "merde" de Nico, je me retourne et voit dévaler dans la pente à pleine vitesse un crampon...putain nooon !!!Le truc trop bête !! Impossible de descendre le chercher...il doit déjà être à la Grave.
Désescalade bien pénible pour moi et sans hésiter on appel des secours. On a tout de suite calculé que c'était mort pour le passage de la goulotte, traversées les arêtes enneigées et descendre les pentes vers l'aigle avec un crampon...bref rien à faire à part s'en mettre une ! On est un peu penaud d'appeler les secours pour ça mais il nous confirmeront bien qu'il préfère ça à venir plus tard nous chercher en bas.


 Au bout de trois quart d'heure un hélico bleu gendarmerie approche (dommage on aura pas le beau hélico rouge et jaune ;-). Il va bien tourner encore 20 min avant de trouver le bon créneau "aérologique"pour nous approcher. J'imagine que la breche ne doit pas aider à se stabiliser.







Arrivée très pro ! Nico part en premier, direction l'aigle. Je suis de la prochaine rotation avec le sauveteur. Voyez la vidéo ci dessous, pas mal de souci pour Nico ;-) Appareil photo coincé, projection sur Rocher...fallait pas paumer de crampon voila !! :-) On est pas passé loin de la bavure quand même :-)




Belle sensation et vue splendide sur l'arete et les sommets alentour ! Mon premier tour d'hélico...ça compense la déception de ne pas avoir pu finir  !




Acceuil par la gardienne du refuge d'aigle ! Refuge effectivement bien authentique. Une seul pièce, promiscuité assuré ! On prend un coca le temps d’admirer le splendide cheminement par lequel on aurait du arriver. Tant pis on reviendra ! I'll be back ;-)







C'est parti pour les 1800m de descente jusqu’au parking après Villard d'arene...




La neige passe bien en ramasse, bien pratique, on est finalement assez vite en bas.




Le plus dur sera le final (un vrai calvaire en grosse sur la route) avec tentative infructueuse de stop jusqu’à La Grave...malgré plusieurs techniques employées..on fini à pied jusqu’à une grosse bière bien mérité en terasse face à la Meije. Bien content d'avoir foulée son plus haut sommet quelques heures avant!




2 commentaires:

  1. L'aventure c'est l'aventure ;o)

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  2. oh la la superbes photos pour un endroit mythique ou on aimerait tous trainer ses pattes (enfin je parle des montagnards)

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